lundi 26 novembre 2012

Episode 40 : De papier et de « labneh »


Balade au-dessus de la douce baie de Chekka (copyright - Z. Haddad).
Les années se suivent, mais ne se ressemblent décidément pas toujours… Que dire ? Fin 2010, je pars me ré-oxygéner les neurones et te raconter ma trépidante vie beyrouthine sur ce blog sympathique ; je reviens, un an plus tard, dans les jolis pâturages helvètes, au milieu de vaches chocolatées bien d’ici et me voici déjà avec encore une année au compteur qui m’a filé entre les doigts.
Tout aussi intense, elle m’a tout d’abord plongé dans les affres d’un retour à la civilisation helvète en me rappelant une différence fondamentale entre mes deux Suisses : le pouvoir donné à la paperasserie ! Lorsque tu arrives au pays du miel, tu montres tes pattes toutes blanches à l’aéroport Hariri, subit les embouteillages jusqu’à ton lit douillet, défais tes valises en buvant le café avec la famille, les voisins et les amis des amis qui passaient par là. Puis, tu t’ingénies à te prélasser comme tu peux, entre deux cocktails de fruits sirotés voluptueusement sur le sable chaud d’un centre balnéaire ou dans la dernière boîte à la mode ouverte sur le ciel ou sur tous les excès tombés de ton pot à phantasmes de vacancier. Souvent déjanté, certes, mais toujours dernier cri : «hhhaaaaaaa!»

En Helvétie, la tendance s’inverse imperceptiblement. Dès l’atterrissage à Cointrin, le cadre change. Il fait plus frais, plus sec, autour des gens et dans les gens. Ici, tu ne plaisantes pas avec les mentalités et la rigueur toute Helvète. À la douane, tu ne resquilles pas avec la fameuse ligne jaune. Non, tu t’arrêtes et attends que les yeux glacials du préposé t’appellent. En silence ! Non, tu ne lui parles pas de tes vacances ou des baklavas que tu trimballes dans ton grand sac rose, offert avec les douceurs, et tu ne lui poses même pas de question sur la météo. Laisse tomber et passe ton chemin.

À ma sortie de Cointrin, en novembre 2011, j’ai vécu une incroyable métamorphose et suis devenu, en un clin d’œil, un véritable Petit Poucet administratif, semant des cailloux blancs et rouges dans toute la ville, entre les crottes, les vélos et les motos qui ont, semble-t-il, pris leur quartier sur les trottoirs du bled. D’abord – eh bien oui – il m’a fallu m’inscrire au chômage auprès de un, deux… trois ou quatre interlocuteurs disséminés aux coins cardinaux de la ville et friands de formulaires aux impossibles libellés. Pas de doute, je m’enfonçais, corps et âme, dans une « mélasstique » paperasse, aussi irréductible qu’un certain village gaulois. Mais, toujours plein de mes belles aventures, je décidais de rester zen.

De classe mondiale

D’autant que, quelques jours plus tard – comble du bonheur après ma pause sabbatique – j’ai dû expliquer à ces mêmes personnes, plus une ou deux autres, qui faisaient semblant de s’y connaître, que j’avais trouvé du travail à mi-temps. Génial, mais un vrai casse-tête, le mi-temps ! Doublé d’une arnaque tout aussi vraie : mon agence de placement ratissait 40% de mon revenu, mon salaire était inférieur au montant assuré qui m’aurait permis de rester à la maison, et les jours enrhumés étaient perdus en heures à compenser… Splendide ! En plus, outre mon patron, les services du chômage et mon agence me demandaient des comptes, des formulaires, de la paperasse et une compréhension impeccable de leurs cadres légaux.

En tout cas, c’était un grand plaisir de revenir au bercail et un énorme soulagement de trouver un poste fixe dans la foulée ! Même si, dans cette même foulée, une pléthore de services administratifs m’a remis la main sur le collet. Pas de chien perdu, à peine débarqué, chacun est rétabli dans sa fonction première : être un administré de classe mondiale, aux petits oignons ! Office de la population, assurance maladie, services des impôts, service des votations ou des automobiles, tous m’ont demandé de leur laisser un autographe quelque part. Une vraie célébrité ! Et quelle mémoire administrative !


Le nec plus ultra: labneh, olives et pastèque (copyright - Z. Haddad).
 Fascination à venir

Bref, un boulot en poche, et la paperasse bouclée, j’ai bien évidemment été repris par le Liban et le besoin d’y retourner ; revoir ceux que j’avais dû quitter un peu rapidement. Alors, mon petit équipage par la main, je suis reparti pour des vacances au bord de la mer qui nous manquait déjà terriblement. Résultat : les pieds dans l’eau, à quelques encablures de Jounieh, à vivre les plaisirs simples, en famille. Le plus simple d’entre eux étant, pour moi, ce que tu vois sur les photos ci-jointes : labneh (yaourt nature égoutté), olives et pastèque. Un RÉ-GAL !

Aujourd’hui, je termine donc ma première année post-sabbatique, bien entouré et heureux de tout ce qui m’est arrivé en deux ans maintenant. Prochaine étape, la participation à un événement pour le moins « fascinant », dont je parlerai ici dans quelques jours.

"Easy Cake": le gâteau facile
pour le goûter (copyright - Z. Haddad).


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